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Sanders, en tête… de la collecte de fonds

(Article publié dans l’Humanité du 17 avril 2019)
L’enthousiasme suscité par le sénateur du Vermont semble intact si on en juge par les dons effectués pour sa campagne : plus de 500.000 contributeurs ont versé 18 millions de dollars.

 

L’annonce, le 19 février, d’une nouvelle candidature de Bernie Sanders à la primaire du parti démocrate avait soulevé plusieurs questions. L’âge du capitaine n’allait-il pas s’avérer un obstacle ? La singularité de sa proposition demeurerait-elle assez forte au milieu d’un champ de concurrents beaucoup plus progressiste qu’auparavant ? En gros, le sénateur qui se revendique du socialisme démocratique n’avait-il pas fait son temps, d’autant que ses idées avaient infusé l’ensemble du corps démocrate ?

Un début de réponse a été apporté il y a quelques jours avec la publication des montants récoltés par les candidats en lice : « Bernie » figure en tête, avec un total de 18 millions de dollars. En l’absence de sondages solides, voilà la première mesure de l’enthousiasme intact suscité par la démarche politique du sénateur du Vermont. 525.000 personnes ont contribué financièrement au début de campagne avec un montant moyen par don de 20 dollars. Selon Faiz Shakir, son directeur de campagne, la majorité des donateurs a moins de 39 ans et un cinquième n’avait pas contribué à la campagne de 2016. Avec l’argent collecté avant la déclaration officielle, le compte en banque de « Bernie 2020 » est garni de 28 millions de dollars. Quelle importance revêt cette donnée ?

D’abord, par le nombre de contributeurs, elle révèle une base assez large sur laquelle construire un rassemblement majoritaire. Ensuite, aux Etats-Unis, l’argent est l’un de nerfs de la bataille électorale. Avec ce pactole, le challenger d’Hillary Clinton en 2016 est déjà assuré de pouvoir mener une campagne efficace dans les 50 Etats du pays, avec location de bureaux décentralisés et embauche d’ «organizers » encadrant efficacement les militants et bénévoles, garantie de pouvoir entrer en contact direct avec un maximum d’électeurs.

 

«Nous construisons une coalition inédite, non seulement pour vaincre Trump, mais aussi pour transformer le pays afin qu’il fonctionne pour tous», a commenté sur Twitter, le sénateur. Loin derrière lui, arrive, avec 12 millions de dollars, la sénatrice de Californie, Kamala Harris, qui accepte les « grosses » contributions et Beto O’Rourke, avec près de 10 millions, en deçà des espérances du candidat qui avait mené une campagne remarquée pour le poste de sénateur dans le fief conservateur du Texas. En revanche, la campagne de la sénatrice progressiste, Elizabeth Warren, très offensive sur le fond (suppression du collège électoral, impôt sur la fortune de 2% des patrimoines supérieurs à 50 millions de dollars) manque d’ « essence.» Les prétendants à l’investiture du parti démocrate sont presque tous connus. L’incertitude demeure quant à l’ancien vice-président Joe Biden, qui a fait parvenir des signaux assez voyants d’intention de se présenter mais qui a été accusé, par deux femmes, de conduites inappropriées. Il devrait néanmoins se lancer dans le courant du mois d’avril.

La campagne ne se joue évidemment pas qu’en termes comptables. La semaine dernière, Bernie Sanders a déposé au Sénat une loi portant création d’un système universel de santé (« Medicare for All »), une mesure soutenue par une majorité de la population. Chacun des candidats à la candidature devra se prononcer sur ce sujet. « Sanders a imposé son programme », constatait le New York Times, ajoutant cette (grande) question : « Mais peut-il l’emporter grâce à lui ? »

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