Archives mensuelles : juillet 2016

Hillary Clinton, candidature faible

 

Article publié dans l’Humanité du 29 juillet

Officiellement investie par le parti démocrate, l’ancienne secrétaire d’Etat, souvent changeante sur ses positions politiques, bat des records d’impopularité.

 

Hillary Clinton est devenue la première femme à décrocher la nomination d’un parti politique majeur aux Etats-Unis. L’événement s’est produit mardi lors du vote très officiel des délégations, Etat par Etat. Hier soir, elle a prononcé son discours d’investiture au terme d’une convention qui, même si elle a révélé un inachevé processus de cicatrisation des primaires, s’est moins mal déroulée qu’elle n’aurait pu le craindre. Bernie Sanders lui a apporté un soutien clair et net : « Hillary Clinton doit devenir la prochaine présidente des Etats-Unis. Le choix ne se discute même pas. » Elle a également reçu le renfort d’un ancien président – son mari – et de l’actuel président, Barack Obama. De la First Lady. Du vice-président Joe Biden. De la sénatrice Elizabeth Warren, égérie de l’aile gauche. Bref, la famille s’affiche au grand complet sur la photo-souvenir de la 47e convention du parti démocrate.

Hillary Clinton porte officiellement des idées contenues dans la plateforme démocrate qui sont majoritaires dans l’opinion publique : le SMIC à 15 dollars, la gratuité de l’enseignement public, le contrôle des armes, le droit à l’avortement, l’approfondissement de la réforme de la santé. Lorsque l’on demande aux électeurs s’ils préfèrent voter pour un démocrate ou un républicain, la réponse est 55% pour le premier, 45% pour le second. Tous les clignotants semblent donc au vert pour qu’Hillary Clinton devienne également la première femme présidente. Et pourtant, dans les sondages, elle n’arrive pas à distancer Donald Trump. Pire même, le candidat républicain profitant de l’ «effet convention », malgré un déroulement chaotique, est placé devant par plusieurs instituts de sondage, avec de trois à sept points d’avance.

Mais quel est donc le problème avec Hillary Clinton? Disons qu’il est à la fois politique et personnel. Que les deux sont inextricablement liés. Et que le tout est quantifié en un chiffre : selon un sondage CNN, 68% des Américains pensent qu’elle n’est pas honnête et digne de confiance. Elle trône désormais tout en haut de ce classement, devançant même Trump, pourtant figure par excellence de la division. Une enquête CBS montre que 31% des personnes interrogées ont une opinion favorable d’elle contre 56% qui expriment un avis inverse.

Clinton et Trump sont les deux candidats les plus impopulaires de ces trente dernières années et la démocrate est en train de prendre un avantage en la matière dont elle se passerait bien. Comment expliquer ce problème ? En une formule : flip flop. Depuis son entrée à la Maison Blanche, en tant que First Lady, en 1992, Hillary Clinton a défendu toutes les positions politiques…puis leur contraire. Au moment des « réformes » des politiques pénales de Bill Clinton qui conduiront à l’incarcération de masse, notamment des jeunes africains-américains, elle lâche le terme de « super-prédateur » que lui reprochent encore aujourd’hui les associations. Elle se prononce aujourd’hui pour l’abrogation de ces lois. Libre-échange ? Elle effectue un virage à 180 degrés sur le Traité trans-pacifique, estimant d’abord qu’il s’agissait d’une « règle d’or » avant de s’y opposer. Guerre en Irak ? Elle crie avec les loups bushistes avant de se rétracter très tardivement. Elle affirme vouloir réglementer l’industrie financière de Wall Street alors qu’elle a prononcé des discours privés pour elle, payés jusqu’à 625000 dollars à Goldman Sachs. Et ainsi de suite. « La campagne l’a obligée à bouger vers la gauche alors qu’elle voulait mener une campagne de centre-droit », commente John Mason, professeur de sciences-politiques à l’Université William Patterson. Depuis deux décennies, le vent politique et idéologique a tourné. Et la « girouette » Hillary avec. Et ça se voit. First Lady, sénatrice, secrétaire d’Etat : Hillary Clinton est certainement la candidate la mieux préparée à la plus haute fonction. Mais sa candidature est tout aussi certainement l’une des plus faibles qui puissent être imaginée en cette année de quasi-insurrection désordonnée contre les élites, le fameux « establishment » (entre une « révolution politique » tournée vers l’avenir et un repli identitaire sur une grandeur mythifiée).

C’est la faiblesse de Clinton qui fait la force de Trump, avancent nombre de responsables et militants progressistes. Ainsi, selon Kshama Sawant, conseillère municipale socialiste de Seattle, cheville ouvrière du SMIC à 15 dollars dans sa ville, soutien de Bernie Sanders qui refuse de voter pour Hillary, les inconsistances politiques de la candidate démocrate permettent à « Trump d’essayer de cyniquement de se positionner à la gauche d’Hillary sur un certain nombre de questions comme le libre-échange ». Des responsables locaux du parti démocrate font remonter leurs inquiétudes : la rhétorique de Trump marque des points parmi les ouvriers blancs de la « rust belt », l’ancienne ceinture industrielle vidée de ses emplois stables et bien payés depuis plusieurs décennies. En Pennsylvanie, qui n’a pas voté pour un républicain depuis 1988, Trump et Clinton sont donnés au coude à coude. De la même manière, sur les dossiers de politique internationale, l’isolationniste nationaliste Trump peut jouer les illusionnistes auprès d’électeurs, notamment les plus jeunes, repoussés par l’interventionnisme impérial incarné par Hillary Clinton. En conclusion, John Mason avertit : « Si l’enjeu central de la campagne, c’est « Hillary et Bill », alors il y a danger ».

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Sanders appelle à poursuivre la « révolution politique »

Article publié dans l’Humanité du 27 juillet 2016

 

Prononçant un discours au premier soir de la convention démocrate, le sénateur socialiste a confirmé son soutien à Hillary Clinton, préalable selon lui à des changements profonds.

Un socialiste déclaré qui entre sur scène le poing brandi pour le discours-phare de la première soirée de la convention du parti démocrate. Qui reçoit une « standing ovation » pendant plusieurs minutes. A n’en plus douter, le parti de l’âne change et la politique américaine avec lui. Et Bernie Sanders a assuré au public et au pays qu’elle devait continuer à changer : « Nous avons commencé une révolution politique pour transformer l’Amérique et cette révolution – notre révolution – continue ». « Les élections vont et viennent. Mais la lutte du peuple pour créer un gouvernement qui nous représentent tous et pas le 1% – un  gouvernement fondé sur les principes de justice économique, sociale, raciale et environnementale -, cette lutte continue. Et je suis impatient de faire partie de cette lutte avec vous», a-t’il ajouté en introduction de son discours, certainement l’un des plus importants mais également l’un des plus périlleux de son long parcours politique.

Il s’agissait pour cet « outsider » de confirmer officiellement son soutien à Hillary Clinton –  ce qu’il avait fait pour la première fois le 12 juillet dans le New Hamsphire – sans rien céder sur le fond de sa démarche, tout en ayant à l’esprit qu’une frange de ses électeurs ne se résigne toujours pas à glisser un bulletin « Clinton » dans l’urne le 8 novembre prochain. Les plus engagés dans cette logique du « Jamais Hillary » avaient d’ailleurs pris position, dès le début d’après-midi, à l’extérieur du Wells Fargo Center de Philadelphie et manifestaient avec force leur opposition à l’ancienne secrétaire d’Etat. Au sein même de l’enceinte, des soutiens de Bernie Sanders portaient des signes hostiles à la nominée. Au-delà du noyau dur des « Bernie or Bust » (Bernie ou rien), une part importante des électeurs du sénateur de 74 ans, notamment les jeunes, hésitent encore quant à l’attitude à adopter lors du scrutin présidentiel. Voter Clinton pour faire barrage à Trump ? Voter en accord avec ses idées et porter sa voix sur Jill Stein, la candidate écologiste ? S’abstenir ?

Les plaies et blessures des longs mois de primaires ont été ravivées ces derniers jours par la publication de dizaines de milliers d’emails échangés entre membres de la direction du parti démocrate. Ces fuites mettent en lumière la partialité de celle-ci, pourtant supposée rester neutre. La présidente du parti démocrate, la députée de Floride, Debbie Wasserman-Schultz, a annoncé sa démission, que le camp Sanders réclamait depuis de long mois, tant il était évident qu’elle pesait de tout son poids en faveur d’Hillary Clinton. Les preuves sont désormais là. Et elles sont parfois cruelles. Ainsi, à la veille du vote dans deux Etats du Sud, un responsable de la communication évoque l’idée de susciter un article de presse suggérant que Sanders, qui avait déclaré qu’il vivait sa judaïté de manière non-religieuse, était en fait un « athée ». Des excuses officielles ont été présentées à Bernie Sanders mais le scandale confirme, pour nombre de ses partisans, que les dés étaient pipés. A ceux-là, le sénateur du Vermont a dit lundi soir : « Je comprends que beaucoup de personnes ici et dans le pays sont déçus par le résultat finale du processus de nomination. Je pense qu’il est juste de dire qu’il n’y a pas plus déçu que moi. »

Surtout, il leur a opposé une stratégie politique dans laquelle vient s’insérer son soutien à Hillary Clinton. Non l’inverse. « Cette élection n’est pas et n’a jamais été à propos d’Hillary Clinton, de Donald Trump ou de Bernie Sanders, a-t’il expliqué (…) Cette élection porte sur les besoins du peuple américain et sur le type de futur que nous créons pour nos enfants et petits-enfants.» Il fallait lire entre les lignes : voter Clinton, c’est préserver la possibilité d’une révolution politique qui ne pourra en aucun cas survenir sous une présidence Trump. En cédant sur un certain nombre de points programmatiques (abolition de la peine de mort, SMIC à 15 dollars, plan vers la gratuité des universités publiques), la candidate démocrate a donné des « gages » aux 13 millions d’électeurs de Sanders, sésame pour la Maison Blanche. Etant donnés les doutes récurrents et les divisions persistantes, il en faudra encore certainement d’autres pour convaincre les « sandernistas ».

 

 

 

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L’empreinte Sanders sur le programme Clinton

 

Article publié dans l’Humanité du 25 juillet 2016

Alors que s’est ouverte hier à Philadelphie, la convention démocrate, le souffle de la « révolution politique » du sénateur socialiste continue de rebattre les cartes politiques. La plateforme adoptée par les congressistes sera la plus progressiste de l’histoire récente.

 

A partir d’aujourd’hui, à Philadelphie, la ville où fut rédigée, en 1776, la déclaration d’indépendance, Hillary Rodham Clinton va être la première femme à obtenir la nomination d’un « grand » parti politique aux Etats-Unis. Elle se présente en favorite pour prendre la succession du premier président noir de l’histoire du pays. Cela dit déjà quelque chose de l’évolution du pays. Mais il y a plus. « HRC »  sera intronisée lors d’une convention qui va également adopter  la plateforme « la plus progressiste jamais vue », selon la formule de Katherine Van den Heuvel, chroniqueuse au Washington Post. Il y a 20 ans, la First Lady Hillary Clinton défendait la troisième voie « centriste » de son mari de président. Qu’est-il arrivé à la politique américaine ? Comme aurait dit Edgar Faure, ce n’est pas la girouette qui a changé mais le vent qui a tourné. Et l’autre nom de ce souffle nouveau est : Bernie Sanders.

« Même si Sanders a perdu la nomination, il a gagné la bataille. L’objectif de sa campagne, ce n’était pas 2016, mais 2020, 2024 ou même 2030, même si le mouvement se serait déroulé sans lui, analyse John Mason, professeur de sciences-politiques à l’Université William Patterson. Sauf que les choses sont allées beaucoup plus vite que prévu. » Sa spectaculaire percée  (vingt Etats remportés, 43% des voix soit 11 millions d’électeurs) a exprimé un mouvement politique et idéologique de la société et propulsé ce même mouvement dans une autre dimension : des marges à la centralité.

La « révolution politique » s’appuie les Millennials, que deux auteurs, Ruy Teixeira et David Madland, ont définis comme « la nouvelle génération progressiste.» Ces jeunes, qui ont atteint l’âge de la majorité entre le 11 septembre 2001 et l’élection de Barack Obama, sont devenus politiquement majeurs avec l’explosion des inégalités, le krach de 2008 et leur contestation. Comme l’aspirine dans un verre d’eau, Occupy Wall Street s’est dissous dans le corps social avant de ressurgir sous la forme effervescente d’un vieux socialiste. Dès 2009, les deux auteurs écrivaient : « Le plus important à propos de ces électeurs n’est pas leur prédilection actuelle pour les candidats démocrates mais plutôt leurs croyances progressistes profondément ancrées, base de leurs préférences électorales. Les croyances progressistes de ces jeunes électeurs pourraient refonder le cœur idéologique des batailles qui ont défini le discours politique post-Vietnam. » Le conditionnel employé à l’époque n’est plus de mise. Les Millennials rebattent les cartes politiques. Leur mobilisation en novembre prochain constitue l’une des clés du scrutin. Hillary Clinton, qui a fini par emporter la primaire, grâce au vote des plus de 45 ans, a bien compris qu’elle ne pourrait faire sans eux et sans leur plus illustre porte-parole, Bernie Sanders.

Celui-ci a apporté officiellement le 12 juillet dernier son soutien à l’ancienne secrétaire d’Etat mais contrairement à ce qu’a écrit une partie de la presse « le rebelle ne se range pas. » Cet épisode fait partie d’un feuilleton que Charles Lenchner, un ancien militant d’Occupy, fondateur de « People for Bernie » nous avait décrit, dès le mois de mai: « Bernie fera campagne jusqu’au bout du processus des primaires. Puis il ne se ralliera pas et mettra la pression sur le clan Clinton en vue de la convention. Il obtiendra des concessions majeures sur le programme. Puis il soutiendra Clinton mais continuera de faire les choses à sa façon» Charles n’est pas un visionnaire. Il s’y connaît juste en politique et en rapport de forces. Tandis que les anciens concurrents de la primaire battaient estrade commune dans le New Hamsphire, la bataille se poursuivait au sein du comité chargé de la rédaction du programme où les représentants de Bernie Sanders ont réussi à faire intégrer nombre de mesures propositions, au premier rang desquelles, le SMIC à 15 dollars de l’heure. L’offensive combinée des « sandernistas », des syndicats et des gouverneurs de Californie et New York (qui ont annoncé que les 15 dollars deviendraient la loi dans leur propre Etat) ont eu raison de la timidité politique de Clinton. Sanders a également fait bouger le curseur sur sa proposition de gratuité de l’université publique : le parti démocrate propose un plan qui amènera vers la gratuité pour les familles gagnant moins de 125000 dollars par an. Autres points marqués par les adeptes de la « révolution politique » : abolition de la peine de mort (contenue pour la première fois dans une plateforme du parti démocrate), taxe sur les millionnaires, acceptation du principe d’extension et non plus simplement de sauvegarde du système de retraite, abolition de toutes les « réformes » de Bill Clinton en matière de politique pénale. Quant aux sujets sur lesquels Sanders n’a pas été entendu (comme la condamnation du traité transpacifique), il compte bien les remettre en débat lors de la convention. Selon Katherine Van den Heuvel, l’influence de Sanders se reflète dans « la remise en cause les piliers du consensus néoliberal qui a marqué la politique américaine depuis les années Reagan. » Le Wall Street Journal, quotidien des milieux d’affaires, constate un « virage abrupt vers la gauche » : « Le parti qu’Hillary Clinton mènera à la bataille cet automne n’est pas le Parti démocrate de Bill Clinton. Par certains aspects, ce n’est même pas celui de Barack Obama. » Ce n’est pas encore totalement le « parti de Bernie Sanders » mais le combat se poursuit.

 

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L’OPA incomplète de Trump sur le parti républicain

 

(Article publié dans l’Humanité du 21 juillet 2016)

Officiellement nominé par le parti de droite, le milliardaire xénophobe et nationaliste prononce ce soir son discours d’intronisation. Mais les divisions se sont encore creusées ces derniers jours.

 

Le fils a intronisé le père. A la convention du parti républicain, la politique est une histoire de famille. Donc, Donald Trump Jr, porte-parole de la délégation de l’Etat de New York, a pris la parole mardi soir au Quick Loans Arena de Cleveland et a déclaré : « C’est mon honneur de pouvoir placer Donald Trump en tête du compte des délégués avec nos 89 délégués (ceux de l’Etat de New York, NDLR). Félicitations, Papa, nous t’aimons. » C’est ainsi que Donald J. Trump est officiellement devenu le candidat du parti républicain pour l’élection présidentielle. Ses autres enfants présents ont scandé « New York, New York » et les délégués se sont levés pour célébrer le moment. Enfin, pas tous les délégués. Un nombre certain d’entre eux sont restés ostensiblement assis. D’autres avaient préféré ne pas être présent pour ce moment qui leur est douloureux : « le parti de Lincoln est devenu le parti de Trump, » comme le résume John Nichols, dans The Nation.

Un milliardaire qui a joué, durant toute sa campagne des primaires sur le ressentiment racial, la xénophobie, stigmatisé les musulmans et les immigrés mexicains, flirté avec le Klu Klux Klan, portera le 8 novembre prochain les couleurs du parti du président qui permit l’abolition de l’esclavage. En obtenant la nomination, Donald Trump a incontestablement réussi son OPA sur le G.O.P. Mais il a échoué, jusqu’ici, à obtenir l’unité de cette même formation derrière sa candidature. Signe de cette défiance persistante: 721 délégués ont voté pour un autre candidat que le nominé, la plus forte proportion depuis 1976 et la candidature « dissidente » de Ronald Reagan face au président sortant Gerald Ford. Depuis l’ouverture de la convention, les moments de tension et de mécontentement se sont multipliés entre délégués. Sans parler de l’absence des deux derniers présidents républicains (Bush père et fils), des deux derniers candidats présidentiels (McCain et Romney) et du gouverneur de l’Etat hôte (John Kasich, par ailleurs candidat lors de la primaire). Et Ted Cruz, le second des primaires, a refusé dans la nuit de mercredi à jeudi, d’apporter son soutien à Trump.

Une partie de l’establishment républicain a, en revanche, décidé de suivre le mouvement. Son pari ? Que Trump s’assagisse, se « recentre ». C’est ce qu’ont dit plusieurs députés au micro des chaînes d’information américaines. « Sur l’interdiction d’entrée des musulmans aux Etats-Unis, Donald se rend déjà compte que c’est inconstitutionnel », plaide l’un. « Sur le mur entre le Mexique et les Etats-Unis, Donald sait bien que le gouvernement mexicain ne paiera pas », avance une autre. Le speaker républicain de la chambre, Paul Ryan, qui a apporté son soutien à Trump tout en prenant régulièrement ses distances sur nombre de sujets, a, lors de son discours à la convention, lancé cette supplique au nominé : « Que dis-tu ? Que dis-tu pour unifier le parti ? Que dis-tu qui unifie le parti en ce moment crucial quand l’unité est tout ? » Pour une partie des conseillers du milliardaire, cet appel à rentrer dans le rang républicain constitue le piège ultime. Si Trump se rétracte sur l’immigration, les musulmans ou les traités de libre-échange, il va se couper de ses millions d’électeurs qui l’ont fait roi pendant les primaires, avancent-ils. Mais s’il en reste à ses positions, il va dresser contre lui une partie plus grande encore de l’électorat et sera battu en novembre, rétorquent d’autres conseillers républicains qui disent vouloir tirer les leçons de la défaite de Romney en 2012, suite à une campagne beaucoup plus à droite que celle de McCain en 2008. Comment Trump va-t-il gérer ce dilemme stratégique? On trouvera une indication dans le discours qu’il prononcera ce soir en clôture de cette convention. Mais le défilé des orateurs depuis lundi soir donne déjà une indication de la réponse : l’unité du parti, c’est… Hillary Clinton. La candidate démocrate a été accusée de tous les fléaux et maux (y compris celui d’être inspirée par le communiste Saul Alinsky). La carte maîtresse de Trump serait donc l’impopularité- bien réelle – de sa concurrente. Mais comme sa propre côte d’impopularité est encore plus importante, pas certain qu’il y trouve là sa martingale…

 

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