Super Tuesday : Trump accélère, Biden au point mort

Le rendez-vous des primaires de ce premier mardi de mars a viré au quasi-grand chelem pour l’ancien président tandis que la fronde continue de monter contre l’actuel hôte de la Maison Blanche en raison de sa position sur la guerre à Gaza. (Article publié dans l’Humanité du 7 mars 2024.)

C’était un « Super Tuesday » paradoxal : Donald Trump, confronté à un duel avec sa challenger Nikki Haley, en sort renforcé si ce n’est triomphant tandis que Joe Biden, sans opposant de poids, doit constater, une fois de plus, ses faiblesses parmi son électorat. Les deux s’avancent donc vers un « remake » qui semble depuis des mois inexorable mais pas tout à fait au même rythme.

Le milliardaire, sous le coup de quatre procédures judiciaires, a quasiment réalisé un grand chelem lors de ce premier mardi de mars qui met en jeu des centaines de délégués. L’ancienne ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU n’a réussi à empoché que le Vermont, petit Etat rural au caractère particulièrement indépendant (Bernie Sanders en est l’un des deux sénateurs, celui qui affiche la plus longue longévité au Congrès pour un élu non rattaché à l’un des deux grands partis). Pour le reste, l’emprise de Donald Trump sur le GOP (Grand Old Party) se confirme : il a remporté les quatorze autres Etats avec un minimum de 20 points d’avance, portant même le différentiel à plus de 70% en Alabama et dans l’Alaska. Parmi les plus gros Etats fournisseurs de délégués – au Texas (78% contre 17%) comme en Californie (77% contre 20%) – il n’y a eu aucun suspense. Nikki Haley décidera-t-elle, malgré tout, de poursuivre sa campagne dans l’infime espoir d’incarner un « recours » au cas où une sorte d’accident industriel frapperait Donald Trump ? Selon plusieurs quotidiens américains, l’entourage de la candidate laisse entendre qu’elle pourrait jeter l’éponge.

La voie est plus que jamais dégagée pour Donald Trump vers sa troisième investiture républicaine de suite, d’autant que l’épée de Damoclès de l’inégibilité a été retirée par la Cour Suprême qui n’a pas donné suite aux arguments de l’Etat du Colorado selon lesquels il devrait être, au regard du 14e amendement de la Constitution, interdit de toute fonction élective pour l’assaut contre le Capitole le 6 janvier 2021. En revanche, côté financier, l’horizon est sombre : l’amende de plus de 400 millions de dollars infligée au milliardaire par une décision de justice le place dans une situation précaire. La récente rencontre avec Elon Musk avait peut-être pour objet que le milliardaire qui ne cache plus ses sympathies ultra-droitières mette la main au portefeuille.

La collecte de fonds se porte bien pour Joe Biden. Celle de suffrages, un peu moins. Dans le Minnesota, le niveau des votes « uncommited » (« non engagé »), en protestation du soutien inconditionnel apporté par l’hôte de la Maison-Blanche à la politique de Benjamin Netanyahou, a atteint près de 20%, soit plus que dans le Michigan (13%), épicentre du mouvement. Le Minnesota ne fait pas partie de la liste des quelques « Etats-clés » qui font pencher la balance du collège électoral. Mais si un cinquième de l’électorat démocrate fait défection le 5 novembre, il le deviendra, rendant hautement probable une victoire de Donald Trump qui, lui, mobilisera sa base, minoritaire mais galvanisée. Les signaux d’alerte se multiplient pour Joe Biden, devancé dans tous les sondages nationaux. Mettra-t-il à profit le traditionnel discours sur l’état de l’Union, ce jeudi, pour s’adresser à son électorat sans répéter ce qu’il lui a déjà seriné depuis des mois ?

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