Convention démocrate, jour 2 : entre antitrumpisme, bilan et projet

Tandis que Barack et Michelle Obama ont sonné la charge contre le milliardaire nationaliste et xénophobe, Bernie Sanders a déroulé des propositions nouvelles sur lesquelles il espère que le ticket Harris-Walz fera campagne. (Article publié dans l’Humanité du 21 août 2024).

Taper sur Trump et valoriser le bilan : la deuxième soirée de la convention démocrate a respecté un équilibre qui peut parfois s’apparenter à une ligne de crête. Durant sa courte campagne de réélection, Joe Biden avait rejoué le scénario de 2020 : transformer le scrutin présidentiel en référendum anti-Trump.

Stratégie efficace il y a quatre ans (7 millions de voix d’avance et une victoire au collège électoral avec 306 grands électeurs contre 232) mais plus limitée après un premier mandat au terme duquel il faut aussi défendre son bilan… et ses limites. Depuis qu’elle a repris les rênes de la campagne, Kamala Harris prend un peu plus soin d’articuler la critique de son adversaire et la promotion des réalisations effectuées.

Pourtant, l’antitrumpisme demeure un puissant facteur de mobilisation pour les démocrates et c’est sur celui-ci qu’ont joué Barack Obama et Michelle Obama dans leurs discours respectifs. L’ancien président a mis en garde contre le choix de « quatre années supplémentaires de fanfaronnades, de maladresses et de chaos ». « Nous avons déjà vu ce film et nous savons tous que la suite est généralement pire », a-t-il ajouté.

L’ancienne first lady a dénoncé « des mensonges laids, misogynes et racistes pour remplacer les vraies idées et solutions qui amélioreront réellement la vie des gens ». Elle a également moqué l’une des formules récemment utilisées par le milliardaire nationaliste et xénophobe qui faisait référence à des « emplois noirs », comme si certains postes étaient réservés aux africains-américains (sous entendu : les moins qualifiés). « Qui va lui dire que l’emploi qu’il recherche actuellement pourrait bien être l’un de ces « emplois noirs » ? », a-t-elle lancé.

L’antitrumpisme n’étant jamais mieux servi que par les républicains qui ont travaillé ou côtoyé l’ancien président, les organisateurs ont fait défiler au pupitre plusieurs d’entre eux. L’ancienne attachée de presse de la Maison Blanche, Stephanie Grisham, a décrit Trump comme n’ayant « aucune empathie, aucune morale et aucune fidélité à la vérité ». « Le Grand Old Party a été kidnappé par des extrémistes et s’est transformé en une secte – la secte de Donald Trump. Le Parti républicain de John McCain a disparu, et nous ne devons rien à ce qui a été laissé derrière nous », a regretté le maire de Mesa (Arizona).

La convocation de la figure de John Mc Cain, ancien candidat républicain défait par Barack Obama en 2008, faucon assumé et systématiquement opposé aux législations sociales, avait quelque chose de décalé, pour ne pas dire d’incongru, dans une convention qui glorifie le bilan social du mandat de Joe Biden.

C’est sur celui-ci que Bernie Sanders a appuyé la première partie de son discours, estimant même que « ces trois dernières années et demi, en travaillant ensemble, nous avons accompli plus qu’aucun gouvernement depuis FDR (Franklin Delano Roosevelt) ». Le sénateur du Vermont passe sans doute un peu vite sur le bilan de l’administration Johnson (loi sur les droits civiques, création de Medicare) mais c’est la leçon politique qu’il en tire qui compte dans son propos : « Lorsque la volonté politique est là, le gouvernement PEUT agir efficacement pour les citoyens de notre pays ». L’ancien candidat aux primaires démocrates (en 2016 et 2020) a ensuite pivoté vers l’avenir en listant un certain nombre de propositions : garantir les soins de santé à tous en tant que droit de l’homme et non en tant que privilège ; porter le salaire minimum à un niveau décent ; renforcer l’enseignement public, augmenter les salaires des enseignants et veiller à ce que chaque Américain, quel que soit son revenu, reçoive l’enseignement supérieur dont il a besoin ; s’attaquer à Big Pharma et réduire de moitié le coût des médicaments délivrés sur ordonnance. Et de conclure : « J’ai hâte de travailler avec Kamala et Tim pour faire passer ce programme ». Le message est passé : l’antitrumpisme et un bilan honorable ne suffiront pas à faire la décision le 5 novembre prochain, il faut également un projet transformateur.

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