Alors que le vote anticipé a commencé dans de nombreux Etats et que les chiffres du chômage avaient assombri le week-end de l’équipe de campagne de Barack Obama, une bonne nouvelle est venu éclaircir son ciel nuageux : une remontée franche et nette dans les sondages. Cela s’appelle l’ « effet convention». Pour Mitt Romney, il a été nul ou presque, certains instituts ayant mesuré un léger frémissement (1% tout au plus). Pour le président sortant, les chiffres publiés dimanche indiquent au contraire un rebond significatif : il est désormais crédité de 49% des suffrages contre 44 ou 45% à son adversaire républicain.
Premier tournant de la campagne ? Cela y ressemble fort alors qu’avant même les conventions, Obama distançait Romney dans la course aux grands électeurs. Car le 6 novembre, c’est bien cela qui va compter. Or, même donné ex-aequo dans les sondages nationaux, le candidat démocrate possède un avantage, les Etats dans lesquels il est le grand favori étant les plus peuplés, donc également ceux qui offrent le plus grand nombre d’électeurs.
En fait, dans quarante des cinquante-et-un Etats, l’issue du scrutin ne fait guère de doute. Obama part avec un « matelas » de 221 grands électeurs (côte ouest et côte est) contre 191 à Romney (le Sud et les grandes plaines). Reste une dizaine d’Etats en compétition, les fameux « swing states », ces Etats indécis ou tangents. Ils recouvrent trois catégories :
– Les Etats du Midwest (Michigan, Wisconsin, Iowa et surtout Ohio) pour 50 grands électeurs au total. Le vote de la classe ouvrière blanche y sera crucial. Barack Obama y avait réalisé des scores bien meilleurs que ceux de Kerry en 2004. L’équipe de campagne d’Obama met le paquet sur le « plan de sauvetage de l’automobile » décidé par le jeune président en 2009.
– Les Etats où le vote des Latinos sera déterminant (Floride, Colorado, Nevada) : 44 grands électeurs. Tous les yeux sont évidemment tournés vers la Floride (29 grands électeurs à elle seule), « swing state » par excellence depuis 2000. Les latinos représentent 15% de l’électorat. Le poids des Mexicains-Américains et des Porto-Ricains grandit tandis que celui des Cubains-Américains de Miami diminue. Autre voté clé : celui des « seniors » attachés au Medicare (programme de protection sociale pour les plus de 65 ans). Obama y était ce week-end et a revendiqué, comme jamais, peut-être, sa réforme dite Obamacare.
– Les Etats du « nouveau Sud » (Virginie et Caroline du Nord) : 28 grands électeurs. Barack Obama avait enlevé les deux Etats en 2008. Ce sera forcément plus serré cette année dans ces deux Etats qui combinent depuis plus d’une décennie croissance démographique et dynamisme économique. La part des minorités dans l’électorat est importante, notamment celle des Africains-Américains.
Si l’on transformait à ce jour la photographie des sondages en résultat définitif, Barack Obama emporterait neuf des dix « swing states » et obtiendrait 332 grands électeurs (359 en 2008) contre 206 à Romney.