Des problèmes commencent à surgir en Ohio, en Floride, notamment, dont on reparlera peut-être dans les heures à venir. Le moment de lire ou relire cet article paru dans l’Humanité du 30 octobre.
Charcutage électoral et lois restreignant l’accès au vote des plus démunis : voilà comment les Républicains tentent de désamorcer la « bombe à retardement » démographique, selon la formule de Scott Keeter, directeur d’études au Pew Research Center, le grand institut américain d’enquêtes d’opinion. Plutôt que de tenter de séduire les « minorités » par un nouveau discours, le G.O.P. (Grand Old Party, son surnom) tente d’amoindrir et, à défaut, de contourner le vote des Latinos et des Africains-Américains.
Dans près d’une dizaines d’Etats où il se trouve au pouvoir, le parti de droite a voté, au nom de la lutte contre la fraude, des lois imposant des nouvelles conditions pour l’inscription sur les listes électorales, notamment la production d’une pièce d’identité avec photo, principalement un permis de conduire dont ne disposent pas un grand nombre parmi les plus défavorisés. Ces projets ne passent pourtant pas comme une lettre à la poste : fin août, une cour fédérale a censuré la loi texane. Les juges ont cité l’exemple de citoyens qui résidaient à des centaines de kilomètres du bureau le plus proche pouvant leur délivrer le nouveau document exigé. « Pareil voyage serait particulièrement décourageant pour les travailleurs pauvres », ont-ils estimé. D’autres lois d’Etat du même acabit ont également été retoquées. Mais le parti républicain n’est jamais en retard d’une idée rétrograde. En Floride, les personnes condamnées pour crimes non-violents ayant purgé leur peine ont été déchues de leurs droits civiques, par une nouvelle loi. 200.000 personnes, parmi lesquels 23% d’Africains-Américains, ne pourront donc pas voter. Au total, les organisations des droits civiques estiment que 5 millions de citoyens, appartenant aux catégories ayant assuré la victoire d’Obama en 2008, seraient empêchés de voter le 6 novembre.
Comme le parti de Romney ne peut pas empêcher tous les électeurs des « minorités » de voter, il faut rendre le plus « indolore » possible leur poids électoral. Il faut dire que le parti républicain a un problème particulier : sa base arrière, le Sud, est la partie du pays où le dynamisme démographique des « minorités » est le plus fort. A l’immigration latina (Texas, Floride mais aussi la Caroline du Sud, la Georgie), s’ajoute l’afflux d’Africains-Américains qui quittent les villes du Nord et du Midwest pour rejoindre la « Sun Belt ». Les législatures républicaines ont donc procédé à des redécoupages qui reviennent, selon le quotidien progressiste The Nation « à reségréguer le Sud ».