Archives mensuelles : février 2025

J.D. Vance annonce le retour du « shérif » américain

Le vice-président états-unien a transformé son discours, prononcé vendredi lors de la conférence de Munich sur la sécurité, en réquisitoire contre l’Europe et en véritable manifeste de l’internationale réactionnaire. (Article publié dans l’Humanité du 17 février 2025.)

Plus qu’une leçon, un véritable manifeste. Une déclaration de guerre idéologique, même. J. D. Vance a profité de la conférence de Munich sur la sécurité pour défier l’Europe et la prévenir de jours de conflits. Quelques heures après le coup de fil de Donald Trump à Vladimir Poutine et l’évocation de conditions favorables à Moscou, le vice-président américain était attendu sur l’Ukraine. Il a à peine mentionné le sujet, ravalé au rang de question secondaire.

En revanche, il a transformé son intervention en réquisitoire contre ce qu’est devenue, à ses yeux d’idéologue d’extrême droite, l’Europe : « La menace qui m’inquiète le plus en Europe n’est ni la Russie, ni la Chine, ni celle d’aucun autre acteur extérieur. Ce qui m’inquiète, c’est la menace venant de l’intérieur. C’est le recul de l’Europe par rapport à certaines de ses valeurs les plus fondamentales, les valeurs qu’elle partage avec les États-Unis d’Amérique. »

Le « free speech » comme prétexte

« La liberté d’expression, je le crains, est en recul », a-t-il accusé, devant un auditoire médusé qui n’a manifestement pas encore pris la mesure de la portée du nouvel âge des relations diplomatiques qu’entend ouvrir le trumpisme décomplexé.

Ce que le bras droit de Donald Trump catégorise comme des attaques contre le « free speech » relève, en fait, de lois de pays européens qui considèrent certaines actions non comme l’expression d’opinions mais comme des délits. La liste dressée par l’ancien sénateur de l’Ohio et très proche de Peter Thiel, le techno-libertarien membre de la « PayPal Mafia », est éloquente.Il a cité le cas d’un militant chrétien « condamné par le gouvernement » suédois (en fait, la justice) pour avoir participé à des autodafés du Coran. Puis celui d’Adam Smith Conner, activiste chrétien anti-avortement anglais, ayant contrevenu à une loi dite des « zones tampons » (« Buffer Zones Law »), qui interdit à quiconque d’influencer la décision d’une personne dans un rayon de 200 mètres autour d’un établissement pratiquant l’avortement.

Enfin, il a évoqué l’Allemagne, « où la police a procédé à des descentes chez des citoyens soupçonnés d’avoir posté des commentaires antiféministes en ligne ». Dans le monde de J. D. Vance, chacun a le droit d’émettre des opinions racistes et misogynes.

Une nouvelle ingérence trumpiste dans les élections législatives allemandes

Le vice-président des États-Unis a également expliqué aux dirigeants européens comment ils devaient agir avec leurs propres extrêmes droites. À commencer par le pays hôte de la conférence, l’Allemagne. « Ce à quoi la démocratie allemande (…) ne peut survivre, c’est de dire à des millions d’électeurs que leurs pensées et leurs préoccupations (…) ne méritent même pas d’être prises en considération », a martelé J. D. Vance, qui a joint les actes aux paroles, en rencontrant, en marge de la conférence, la candidate de l’AfD, Alice Weidel, avec laquelle Elon Musk avait déjà échangé lors d’une émission sur X, la présentant comme la seule « solution » d’avenir pour la première puissance européenne.

Une ingérence manifeste qui a conduit à un fait rarissime : l’expression publique du chancelier allemand contre le représentant d’une administration américaine. « De l’expérience du national-socialisme, les partis démocratiques en Allemagne ont tiré un consensus général : c’est le mur pare-feu (l’équivalent d’un cordon sanitaire – NDLR) contre les partis d’extrême droite », a rappelé Olaf Scholz sur X.La deuxième grande menace définie par le colistier de Donald Trump ? Sans surprise : « Les migrations de masse ». Là encore, il a fustigé les « décisions conscientes prises par des responsables politiques à travers le continent et le monde, durant toute une décennie ». Et d’ajouter, dans une exploitation traditionnelle de l’extrême droite : « Nous avons vu les horreurs engendrées par ces décisions hier même dans cette ville. »

Référence à l’attentat à la voiture bélier menée à Munich par un réfugié afghan de 24 ans. Les élites politiques sont tenues pour responsables de cette situation puisque « aucun électeur sur ce continent ne s’est rendu aux urnes pour ouvrir les vannes à des millions d’immigrés sans contrôle ».

Le message ne pouvait être plus clair : « Il y a un nouveau shérif à Washington » et il ne ressemble pas tout à fait à ses prédécesseurs. Le Parti républicain est désormais plus libertarien que libéral (au sens européen du terme). Le multilatéralisme n’en a plus pour longtemps, déjà fissuré par les coups de boutoir de Washington, qui fait cavalier seul.

À titre d’exemple, les pays européens ne sont pas conviés à la table des « négociations » pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Ils sont juste invités à assurer le « service après-vente », en acceptant l’Ukraine au sein de l’Union européenne et en gonflant les dépenses d’armement afin de subvenir à leur propre défense.

La règle de non-ingérence n’a plus cours et la notion d’« alliés » semble démonétisée, au profit d’un nouveau paradigme qui émerge avec la primauté accordée par les États-Unis à l’internationale réactionnaire, y compris au cœur du Vieux Continent. L’offensive se fait à découvert, ce qui lui donne l’apparence d’un rouleau compresseur, mais l’expose également plus facilement à une contre-offensive.

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De Gaza à Kiev, la même méthode Trump

Unilatéralisme, soutien sans faille aux dirigeants réactionnaires, primauté de la force sur le droit : les décisions du président américain dessinent une stratégie globale cohérente pour imposer un nouvel ordre mondial autoritaire. (Article publié dans l’Humanité du 14 février 2024.)

À chaque semaine, son « plan ». Après l’avenir de Gaza, envisagé dans un délirant déplacement de masse de population pour faire place à une « Riviera du Moyen-Orient », Donald Trump a donc abattu ses cartes dans le dossier ukrainien, semblant donner quitus à Vladimir Poutine.

La fin de la guerre commencée en février 2022 n’aura pas pris 24 heures, comme il l’avait promis durant sa campagne électorale. Mais ironiser sur ce fait empêcherait de voir l’essentiel. Au-delà du comportement parfois erratique du personnage et de ses méthodes aussi peu conventionnelles qu’insaisissables, c’est une cohérence diplomatique qui commence à se dessiner. Trois traits peuvent être distingués.

L’unilatéralisme de Washington

Le premier tient au rejet du multilatéralisme et l’imposition d’une gestion unilatéraliste par Washington. En somme, le président de la principale puissance mondiale décide seul et discute, dans un déséquilibre de forces évident, avec chacun des interlocuteurs concernés et soigneusement isolés.

Donald Trump prétend ainsi régler la guerre en Ukraine sans associer les pays européens et/ou l’Union européenne. Même l’Otan est ravalée au rang de simple exécutante : les pays membres (au nombre de 32) devront envoyer des soldats sur place dans le cadre d’une « mission hors Otan », selon la savoureuse formule de Pete Hegseth, le secrétaire américain à la Défense.

On ne parle même plus de l’ONU, pourtant clé de voûte de l’architecture des relations internationales dessinée après la Seconde Guerre mondiale, condamnée à l’inaction par les divisions de la « communauté internationale » et méprisée par les adeptes de l’America First.

Une forme de racket diplomatique

Même l’Ukraine n’a pas voix au chapitre dans une « négociation » qui l’intéresse pourtant au plus haut point, puisqu’elle concerne son intégrité territoriale. En position de faiblesse, le pays dirigé par Volodymyr Zelensky paiera peut-être deux fois l’addition de l’agression russe : avec des territoires perdus au bénéfice de Moscou et avec des terres rares et riches en minerais concédées aux États-Unis en contrepartie du maintien d’une aide économique et militaire. Une forme de racket diplomatique que le « pacificateur » Trump ne prend même pas soin de déguiser.

Donald Trump décide seul… et les autres exécutent : c’est la deuxième caractéristique. Les États-Unis indiquent le cap, mais ne veulent ni cambouis ni sang sur les mains. Les autres pays sont donc « invités » à en assumer les conséquences. Au Moyen-Orient, l’Égypte et la Jordanie, deux alliés des États-Unis, sont priés d’accueillir 2 millions de Gazaouis, faute de quoi Donald Trump les frapperait au portefeuille.Si aucun GI ne sera envoyé sur les rives de la Méditerranée, il faudra bien une force capable de s’assurer de la désertification du lieu. L’armée israélienne apparaît ici comme le sous-traitant « naturel » de cet exil forcé de plus de 2 millions de personnes. Aux confins orientaux de l’Europe, c’est l’UE qui, sans avoir voix au chapitre, apprend un beau matin que l’adhésion de l’Ukraine fait partie du « deal ».

Poursuivons. Donald Trump décide seul, les autres exécutent… mais toujours au bénéfice des forces réactionnaires. Benyamin Netanyahou et Vladimir Poutine, tous deux visés par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, font figure de grands vainqueurs du retour du milliardaire dans le bureau Ovale. Jouant des muscles de la puissance américaine, Donald Trump tente d’offrir sur un plateau Gaza (et bientôt la Cisjordanie ?) à Benyamin Netanyahou et la Crimée et le Donbass à Vladimir Poutine.

Le droit international piétiné

S’appuyant sur une rhétorique « pacifique », qui rencontre un écho majoritaire dans son propre pays « vacciné » des aventures guerrières de l’ère Bush, il donne l’illusion de sortir des guerres, mais en préparant un monde plus injuste.

D’un côté, il assume de se livrer à un crime contre l’humanité que constitue un déplacement forcé de population. De l’autre, il propose d’acter, donc de valoriser, la politique de la force et du fait accompli. Dans les deux cas, le droit international est piétiné, les « règles » communes, souvent mises à mal dans le passé, carrément dépecées.

À défaut de s’envisager de nouveau comme le gendarme du monde, notion qui implique une mobilisation militaire directe, le président nationaliste veut clairement « gendarmer » le monde, s’appuyant sur la menace de ses bras armés (la prédominance économique avec un quart du PIB mondial et la plus imposante armée du monde), afin d’imposer ses diktats et, in fine, une sorte de nouvel ordre mondial où la force primera sur le droit et où l’internationale réactionnaire dictera le tempo.

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Bluff ou nouvel âge impérialiste : Trump en eaux très troubles

Après le Groenland et le canal de Panama, le président nationaliste veut faire de Gaza une propriété américaine, sans que l’on sache encore s’il y voit des leviers de négociations ou de réels projets. (Article publié dans l’Humanité du 6 février 2025.)

La stupéfiante proposition de Donald Trump concernant Gaza règle au moins une question : il n’est pas un isolationniste, adepte d’un repli de l’Amérique sur son Aventin, assistant en simple spectateur à la marche du monde. Mais elle ne résout pas un autre sujet : quelle est la cohérence de la stratégie géopolitique du président nationaliste, résumée dans la formule « America First » ? À ce stade, on se perd en conjectures et… en hypothèses.

La première qui vient à l’esprit est celle du bluff, tant l’hôte de la Maison-Blanche aime faire croire qu’il est un joueur de poker, un négociateur hors pair, le maître du deal. Mais à quelles fins ? Permettre à Benyamin Netanyahou, qui n’a jamais pris position officiellement pour l’expulsion totale des Gazaouis, d’apparaître comme un « modéré » ? En rabattre ensuite afin de donner l’illusion aux pays arabes de faire une concession, dans une négociation en trompe-l’œil, et convaincre ainsi l’Arabie saoudite de rejoindre les accords d’Abraham ?

Imaginons même qu’il s’agisse de cela. En l’espèce, le coût du bluff paraît astronomique. Car celui qui s’est présenté dans son discours d’investiture comme un « pacificateur » et un « unificateur » propose ni plus ni moins que de se rendre coupable d’un crime contre l’humanité, ce que constitue le déplacement forcé de 2,1 millions de Gazaouis. La seule évocation de cette possibilité entame un peu plus le crédit des États-Unis sur la scène internationale, éloignant encore le Sud global et laissant les alliés traditionnels, de l’Égypte aux pays européens, dans un état d’interdiction.

Si la folle proposition devait suivre son chemin, elle ferait de nouveau de Washington un acteur direct au Moyen-Orient, une force d’occupation même dans un pays arabe, reprenant le fil du gouvernorat américain sur l’Irak pendant la présidence de W. Bush.

Or, les élites américaines ont tiré les leçons de cette politique inspirée par les néoconservateurs : elle a affaibli la position de l’Amérique là où elle prétendait la renforcer, après les attentats du 11 Septembre, et elle a dévié le pays de son objectif principal, à savoir la lutte pour le leadership mondial avec la Chine. À rebours du consensus de l’ensemble de l’appareil d’État diplomatique et sécuritaire, Donald Trump s’apprête-t-il à consommer une rupture avec le « pivot asiatique » décidée par Barack Obama en 2011 ?

« Les crises du Moyen-Orient viennent perturber cette orientation stratégique »rappelait l’universitaire Philip Golub dans nos colonnes. La mise en œuvre du « plan » de Donald Trump reviendrait, de fait, à revenir en arrière, en consacrant du capital politique et des moyens économiques et militaires sur la rive orientale de la Méditerranée, autant de puissance qui ne pourra être investie en mer de Chine, épicentre de cette rivalité stratégique.

Après avoir surfé sur le sentiment antiguerre largement partagé dans l’électorat américain, Donald Trump serait-il devenu un « néoconservateur » ? Pire, peut-être : le promoteur d’un nouvel âge de l’impérialisme américain qui tenterait de maintenir sa domination par une extension territoriale, comme ce fut le cas à la fin du XIXe siècle sous la présidence de William McKinley, abondamment cité par Donald Trump depuis son retour à la Maison-Blanche.

Les États-Unis, alors en passe de devenir la principale puissance capitaliste, s’emparaient, en quelques années, de Porto Rico, de Guam et d’Hawaï (toujours « possessions » américaines) ainsi que des Philippines, de Cuba et du canal de Panama.

C’est la piste suivie par l’universitaire français Corentin Sellin sur X : « Cette nouvelle sortie du président – cette fois sur Gaza – renvoie vraiment à un impérialisme étatsunien alliant, comme à la fin du XIXe, intérêts d’un capitalisme dérégulé et toute-puissance militaire d’un État pour s’approprier les territoires de ceux trop faibles pour les défendre. » Les revendications sur le Groenland et désormais l’enclave palestinienne, ainsi que les menaces sur le canal de Panama, constitueraient ainsi les pièces d’un puzzle finalement cohérent.

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Droits de douane, gel de l’aide internationale : comment Donald Trump fait la guerre au monde entier

En instituant des droits de douane pour le Canada, le Mexique et la Chine et en gelant l’aide internationale pour des dizaines de pays, le président nationaliste place la communauté internationale en état de tension. (Article publié dans l’Humanité du 3 février 2025.)

Lors de son discours d’investiture, Donald Trump avait promis qu’il serait un « faiseur de paix et un unificateur ». Deux semaines à peine après, ses paroles se sont dissoutes dans une guerre commercialo-financière qui est en passe de semer le chaos et la division, non seulement sur le continent américain mais dans le monde entier. Dans son offensive, le président nationaliste manie deux armes massives : les droits de douane et l’aide internationale.

Ce sont les premiers qu’il a dégainés samedi 1er février, comme il l’avait annoncé. Les produits venant du Canada et du Mexique – les deux partenaires de l’accord de libre-échange qui a succédé à l’Alena en 2020 – sont taxés à hauteur de 25 % tandis que 10 % supplémentaires sont imposés à ceux déjà existants sur les produits chinois. Les trois pays, à eux seuls, représentent 40 % des importations du pays.

Donald Trump a donc décidé de renchérir le coût de près de la moitié des produits importés. L’impact inflationniste ne fait aucun doute, dans un pays où l’inflation subie depuis la pandémie de Covid fait partie des principales préoccupations des habitants. Plusieurs études ont montré que les droits de douane décidés par ce même Donald Trump lors de son premier mandat avaient été répercutés sur les consommateurs américains.

L’objectif demeure peu clair. D’un côté, il affirme avoir mobilisé les fameux « tariffs » – ce mot qu’il tient pour le plus beau de la langue anglaise – afin de contraindre les pays concernés à agir pour diminuer le trafic de fentanyl et les arrivées de migrants illégaux sur le sol américain. Argument peu convaincant : comme l’a rappelé Justin Trudeau, premier ministre démissionnaire du Canada, son pays ne compte que pour 1 % de chacun de ces problèmes.

De l’autre, le président américain ne cesse de répéter que les pays étrangers ont prospéré sur le dos des États-Unis, laissant présager que ce début de guerre commerciale ne constitue qu’un levier pour renégocier des accords. Donald Trump avait déjà agi ainsi lors de sa première arrivée à la Maison-Blanche avec la conclusion de l’Aceum (accord Canada-États-Unis-Mexique) en remplacement de l’Alena, l’accord de libre-échange avec le Mexique et le Canada, conclu sous la présidence de Bill Clinton.

Aussitôt déclenchée, la canonnade trumpienne a provoqué des tirs de barrage des pays visés. Le Canada va appliquer la même charge – 25 % – sur 155 milliards de dollars canadiens (102 milliards d’euros) de biens états-uniens. Première salve dès ce mardi 3 février : les prix du bourbon, des appareils ménagers comme des fruits en provenance du puissant voisin augmenteront. « Si le président Trump veut inaugurer un nouvel âge d’or pour les États-Unis, la meilleure voie est de s’associer avec le Canada, et non de nous punir », a lancé Justin Trudeau lors d’une conférence de presse au ton grave, presque dramatique, convoquant l’histoire commune des deux pays.

Même réaction du côté de la présidente mexicaine, Claudia Sheinbaum, qui a immédiatement annoncé « des mesures tarifaires et non tarifaires en défense des intérêts du Mexique », sans les détailler. L’économie mexicaine, dont 83 % des exportations partent chez le voisin américain (automobiles, ordinateurs, produits agricoles) et qui affiche un fort excédent commercial, est sans doute la plus encline à subir les conséquences de cette guerre qui commence. Raison pour laquelle la cheffe de l’État a laissé une porte entrouverte en proposant à son homologue états-unien « un groupe de travail avec nos meilleures équipes de sécurité et de santé publique » sur les questions de trafic de drogue et des migrations.

« Je vais discuter avec le premier ministre Trudeau demain matin, je vais également parler avec le Mexique demain matin, je ne m’attends à rien de grave. Nous avons mis des droits de douane car ils nous doivent beaucoup d’argent, je suis certain qu’ils paieront », a déclaré Donald Trump, dimanche, à la presse avant de quitter sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride.

La troisième cible – la Chine – prendra des mesures « correspondantes pour protéger résolument » ses « droits et intérêts », a annoncé, dans un communiqué, le ministère chinois du Commerce. « Les guerres commerciales n’ont pas de vainqueur », a rappelé, de son côté, le ministère chinois des Affaires étrangères. C’est cette crainte que partage le Japon, pourtant un allié indéfectible des États-Unis. Le ministre des Finances japonais, Kastunobu Kato, s’est dit « profondément préoccupé par la façon dont ces droits de douane pourraient affecter l’économie mondiale ».

« Ce sera le nouvel âge d’or pour les États-Unis ! Est-ce que cela va faire souffrir ? Oui, peut-être. Et peut-être pas. Mais nous allons rendre sa grandeur à l’Amérique et cela vaudra le prix qu’il faudra payer », a de son côté écrit – en lettres capitales – Donald Trump sur son réseau Truth Social dimanche tout en continuant à multiplier les menaces. « Il n’a pas été donné à la Chine, il a été donné bêtement au Panama. Mais ils ont violé l’accord et nous allons le reprendre, ou quelque chose de très fort va se produire », a-t-il lâché le même jour à propos du canal de Panama où son secrétaire d’État Marco Rubio était en déplacement.C’est plus que la crainte qui domine dans de nombreux autres pays du monde. L’heure est à la stupéfaction alors que Donald Trump a fourbi sa deuxième arme : le gel de l’aide internationale. D’une simple signature, le locataire de la Maison-Blanche a suspendu tous les programmes d’aide étrangère des États-Unis pour une durée de quatre-vingt-dix jours. Seules l’aide alimentaire d’urgence et l’assistance militaire pour Israël et l’Égypte font exception. Le président républicain a affirmé dimanche que l’Agence américaine pour le développement (USAID), déjà l’objet de virulentes attaques d’Elon Musk, était « dirigée par des fous extrémistes » qu’il fallait « virer de là ».

Pendant trois mois, son administration va réexaminer l’ensemble du système d’aide internationale et sans doute le passer au tamis de la conditionnalité, calée sur l’agenda ultraréactionnaire trumpiste. Les conséquences sont déjà perceptibles, notamment sur le continent africain, où Pékin, vu comme un concurrent stratégique par Washington, pourrait, de manière paradoxale, profiter de ce désengagement, même s’il s’avère momentané. En Afrique de l’Est, certaines écoles financées par les États-Unis ont demandé aux enfants d’arrêter de venir.

En Ouganda, « l’absence de médicaments pendant plusieurs jours pour les patients atteints du VIH/sida peut entraîner la mort », explique à l’AFP Peter Waiswa, un membre du réseau d’aide humanitaire Compassion Connectors dans ce pays. Au Soudan du Sud, déjà touché par une épidémie de choléra, 3 000 personnes comptent sur l’aide américaine après avoir perdu leur maison dans des inondations. « Si la décision (…) n’est pas rapidement reconsidérée, il est fort possible que les gens commencent à mourir de faim et de maladies », redoute, auprès de l’AFP, James Akoon Akot, enseignant dans un orphelinat du pays.

Dans son discours inaugural de second mandat, le 20 janvier, Donald Trump avait promis de ne pas lancer de nouvelles guerres. Pas d’éviter de provoquer des morts dans des situations et événements qui, sans mobiliser l’armée, n’en auront pas moins des conséquences funestes.

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