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Derrière les petites phrases, le consensus Obama-Romney

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Quelques « zingers ». Deux, trois divergences. Mais finalement un consensus. Voilà le bilan que l’on peut tirer du troisième et dernier débat présidentiel. Ah, oui, autre leçon aussi : les femmes journalistes sont bien meilleures que les hommes, Bob Scheiffer s’étant montré aussi incapable que Jim Lehrer de conduire la confrontation alors que Candy Crowley (deuxième débat Obama-Romney) et Martha Raddatz (débat Biden-Obama) avaient joué leur rôle de journalistes.

Revenons à cette ultime joute qui portait sur la politique étrangère.
Commençons par le plus futile : les « zingers », donc. Des phrases-choc. Il y en eut deux, toutes deux provenant d’Obama. «Romney propose une politique étrangère des années 80, une politique de société des années 50 et une politique économique des années 20. » Bing. Et à Romney qui répétait pour la millième fois que la flotte américaine n’avait jamais eu aussi peu de bateaux depuis 1917, Obama a rétorqué qu’il y avait également « moins de chevaux et de baïonnettes ». Bang.

Romney a essayé de se démarquer du président sortant en tentant de l’affaiblir dans l’affaire de l’assassinat de quatre Américains à Benghazi, en l’accusant de nouveau d’avoir fait une « tournée de repentance » au Moyen-Orient sitôt élu, en le décrivant comme un mou face à la Russie et à la Chine. Obama a rétorqué en soulignant les incohérences et les changements de pied de Romney d’un débat à l’autre et encore n’eut-il pas le temps de toutes les mettre en lumière tant elles sont nombreuses.

Finalement, le candidat républicain s’est rangé derrière la politique du président sortant dans de nombreux domaines, notamment celle de l’utilisation des drones dans le cadre de l’action anti-terroriste. Les deux ont répété que la puissance américaine était « indispensable » (le mot est d’Obama mais Romney a opiné du bonnet) au monde. A part ça, dans ce débat sur la politique étrangère, pas un mot sur l’Europe, pas une phrase sur l’Amérique latine, pas un échange sur les négociations de paix israélo-palestiniennes.

C’était vraiment à celui qui montrerait qui est le meilleur « commander in chief ». Comme Obama en porte légalement les habits, logique qu’il l’ait emporté sur ce terrain. Et d’un commun accord, on a donc évité les vrais sujets, par exemple : le reste du monde pense-t-il que les Etats-unis lui sont « indispensables » ? quelle place pour la puissance américaine dans un monde qui sera forcément plus équilibré dans une génération ?

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23 octobre 2012 · 1212 56

En direct de … l’avion du retour

Séjour professionnel terminé aux Etats-Unis. Retour à la réalité française. Mais d’ici aux élections, publication de plusieurs reportages dans l’Humanité et dans l’Humanité dimanche (postés également sur ce blog) sur le rôle grandissant des Latinos (depuis le Texas), la question des relations Noirs-Blancs (depuis la Virginie), l’opposition frontale entre deux Amériques (depuis le Colorado) et sur la campagne présidentielle (depuis un peu partout).

Puis, d’ici quelques jours, lancement d’une série « pratique » sur les élections. Un peu à la façon de Michel chevalet : « Comment ça marche ». Comme je n’ai pas prétention à avoir toutes les questions en tête (pas plus que les réponses, d’ailleurs), je vous invite à me poser directement vos questions, interrogations et « colles ».

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20 octobre 2012 · 1503 38

Lu dans la presse : les Latinos pour le mariage gay

Pour la première fois, un sondage montre que les latinos sont majoritairement favorables au mariage homosexuel. Le New York Times en fait l’annonce dans son édition de vendredi. Il y a six ans, 56% des latinos y étaient opposés. Aujourd’hui, ils s’y déclarent favorables à 52% et les latinos catholiques sont encore plus favorables (54%) à cette mesure. Seuls les latinos protestants évangéliques demeurent opposés à l’union de deux personnes du même sexe, mais ils demeurent ultra-minoritaires. Le New York Times souligne que ce sondage montre à quel point la stratégie des Républicains tentant de séduire les latinos sur la base des « valeurs » conservatrices (anti-avortement, anti-mariage gay) est voué à l’échec.

Les latinos enregistrés sur les listes électorales soutiennent Obama contre Romney dans un rapport de trois contre un. En 2008, Obama avait recueilli les deux tiers du vote latino. Le ratio devrait être proche cette année, la seule et massive question restant : quelle sera la participation électorale des latinos ? Il s’agit, pour les démocrates, de l’un des enjeux principaux, si ce n’est le principal, d’ici le 6 novembre.

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20 octobre 2012 · 101 49

En direct du… restaurant, QG de la gauche à Washington

A Washington, c’est un lieu incontournable de la gauche américaine. On n’y débat pas en permanence mais on y mange, bien et pas cher. Chacun sait bien, en venant ici, qu’il pose un acte. On ne prend pas un repas dans l’un des « Busboys and Poets » (il y en a désormais deux à Washington plus deux autres dans sa banlieue) comme dans un steakhouse d’une grande chaîne. Le propriétaire de la chaîne s’appelle Anas Shallal, 57 ans, arrivé aux Etats-Unis à l’âge de 11 ans. En 2003, alors que Bush lance le feu et le fer sur l’Irak (ah oui, Anas est né à Bagdad), Andy se demande ce qu’il pourrait bien faire pour contrer cette idéologie de choc des civilisations. « Il n’y avait pas d’endroit où les gens pouvaient se rencontrer… Je voulais créer un lieu qui soit clairement à gauche », a-t-il expliqué au Washington Post. Sa réponse mêle politique, bonne bouffe et  littérature.

Le premier « Busboy… » ouvre en 2005 au coin de la 14e rue à Washington. Tout le monde pensait alors que le proprio était noir, tant Andy (eh oui, aux Etats-Unis, c’est Andy) puise dans la culture africaine-américaine.  Une rencontre qui date du lycée alors, qu’à sa tronche de métèque, s’ajoute un anglais passable et un bégaiement… Au programme du cours d’anglais : le mouvement de la Renaissance de Harlem. Quelques mots d’Hughes Langston lui resteront en mémoire :

« Que l’Amérique soit l’Amérique de nouveau,

qu’elle soit le rêve qu’elle était ».

Quand Andy n’est pas dans l’un de ces restos, on est certain de le trouver dans une manif face à la Maison Blanche manifestant contre un projet d’oléoduc, en train de distribuer des repas gratuits aux militants d’Occupy Wall Street, ou signer un chèque à des organisations progressistes. Et quand il est dans l’un de ses restos, il ne déroge pas à la politique sociale qu’il ambitionne pour le pays : le plus bas salaire s’affiche à 10,25 dollars de l’heure (le minimum fédéral est fixé à 7,25 dollars), congés maladie pour les employés et assurance-maladie pour ceux qui ont un contrat à plein temps.

Nous avons pris le « Busboys and poets » à son deuxième arrêt à Washington : à l’angle de la 5e rue et de K avenue… L’entrée donne directement sur la librairie gérée par Teaching for Change, association clairement orientée à gauche. Puis s’ouvre l’espace restauration, vaste et large, comptoir central et mezzanine, occupé par une foule bigarrée et…, partout, des œuvres d’art (voir la photo). On allait presque oublier l’essentiel : Andy Shallal est artiste et il décore lui-même ses restaurants.

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19 octobre 2012 · 202 44

Le débat Obama-Romney en compagnie des démocrates de Fairfax

Pas la foule des grands jours. « Il faut dire qu’on l’a organisé un peu au dernier moment », explique Patrick. Son nom de famille : Le Floch. Il est Français et dirige la section du parti démocrate de Fairfax (22000 habitants) dans le nord de la Virginie, près de la capitale, Washington. Une dizaine de personnes ont pris place autour de la table du restaurant libanais Al Maza, en centre-ville. Des seniors pour la plupart. Il y a Chrissie aussi, une Asiatique-Américain, qui a vu du monde devant la télé. Elle s’est dit que c’était plus chaleureux de regarder ensemble. Enfin, elle a pris soin de vérifier que l’assemblée était bien démocrate. Elle l’est. Et elle attend beaucoup de ce deuxième débat. Obama ne met pas longtemps à rassurer ces convaincus. Sur la question énergétique, il ne lâche rien à Romney, plus que jamais l’ami du lobby pétrolier. Quelques applaudissements accompagnent le président sortant. Vient ensuite la question du « sauvetage » de l’industrie automobile que Romney a contesté. « Il tient sa place cette fois-ci », apprécie Patrick, à mi-parcours. Puis celle des impôts. Obama très offensif.

Le jeune serveur fait le tour des participants : « Vous voulez boire quelque chose ? » On en profite : « Vous voulez bien répondre à quelques questions ? » Venu du Liban il y a quatre ans, il a obtenu son diplôme de marketing, mais ne trouve pas emploi à la hauteur de sa qualification. Il se contente, pour l’instant de cet emploi de serveur avant d’envisager de déménager vers des bassins d’emplois plus favorables à sa spécialité. En blâme-t-il pour autant Obama ? Non, il votera pour lui, sans sourciller. Les républicains, ce n’est vraiment pas son truc.

Retour au petit écran. L’hôte de la Maison-Blanche conclut en renvoyant à Mitt Romney sa sortie sur les « 47% ». Exclamations et  applaudissements. La petite troupe repart requinquée. De toute façon, elle sait que ce genre de joutes ne joue qu’à la marge. Elle a déjà rendez-vous, ce week-end, avec des centaines d’autres militants démocrates. Opération de mobilisation électorale. Les spécialistes ont décortiqué les listes électorales, les ont recoupées avec d’autres listings. Bref, les militants savent à quelle porte frapper pour trouver un électeur d’Obama en 2008 et le convaincre de refaire de même dans trois semaines.

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17 octobre 2012 · 404 05