Pas la foule des grands jours. « Il faut dire qu’on l’a organisé un peu au dernier moment », explique Patrick. Son nom de famille : Le Floch. Il est Français et dirige la section du parti démocrate de Fairfax (22000 habitants) dans le nord de la Virginie, près de la capitale, Washington. Une dizaine de personnes ont pris place autour de la table du restaurant libanais Al Maza, en centre-ville. Des seniors pour la plupart. Il y a Chrissie aussi, une Asiatique-Américain, qui a vu du monde devant la télé. Elle s’est dit que c’était plus chaleureux de regarder ensemble. Enfin, elle a pris soin de vérifier que l’assemblée était bien démocrate. Elle l’est. Et elle attend beaucoup de ce deuxième débat. Obama ne met pas longtemps à rassurer ces convaincus. Sur la question énergétique, il ne lâche rien à Romney, plus que jamais l’ami du lobby pétrolier. Quelques applaudissements accompagnent le président sortant. Vient ensuite la question du « sauvetage » de l’industrie automobile que Romney a contesté. « Il tient sa place cette fois-ci », apprécie Patrick, à mi-parcours. Puis celle des impôts. Obama très offensif.
Le jeune serveur fait le tour des participants : « Vous voulez boire quelque chose ? » On en profite : « Vous voulez bien répondre à quelques questions ? » Venu du Liban il y a quatre ans, il a obtenu son diplôme de marketing, mais ne trouve pas emploi à la hauteur de sa qualification. Il se contente, pour l’instant de cet emploi de serveur avant d’envisager de déménager vers des bassins d’emplois plus favorables à sa spécialité. En blâme-t-il pour autant Obama ? Non, il votera pour lui, sans sourciller. Les républicains, ce n’est vraiment pas son truc.
Retour au petit écran. L’hôte de la Maison-Blanche conclut en renvoyant à Mitt Romney sa sortie sur les « 47% ». Exclamations et applaudissements. La petite troupe repart requinquée. De toute façon, elle sait que ce genre de joutes ne joue qu’à la marge. Elle a déjà rendez-vous, ce week-end, avec des centaines d’autres militants démocrates. Opération de mobilisation électorale. Les spécialistes ont décortiqué les listes électorales, les ont recoupées avec d’autres listings. Bref, les militants savent à quelle porte frapper pour trouver un électeur d’Obama en 2008 et le convaincre de refaire de même dans trois semaines.