Le juge Roberts a-t-il vraiment rendu service à Obama ?

Après les auditions de la Cour Suprême, aucun observateur ne donnait cher de la peau de la réforme de la santé d’Obama. Les représentants des Etats républicains avaient mis en difficulté les arguments des défenseurs, peu inspirés, du gouvernement. Pire : le juge Anthony Kennedy avait assez clairement montré son opposition à la disposition centrale du « mandate » qui fait obligation à chaque Américain de contracter une assurance-maladie, sous peine de pénalités financières. Or, ce juge « centriste » fait la balance dans une Cour Suprême divisée entre quatre conservateurs et quatre « libéraux ». Mauvais temps annoncé donc pour l’Obamacare. Puis la décision est tombée jeudi : la plus haute juridiction du pays valide l’ensemble de la loi. Surprise. Double surprise lorsque l’on apprend que le juge Kennedy a voté contre et que c’est le président, le conservateur John Roberts, qui a sauvé la mise à cette loi honnie des républicains. Triple surprise même à la lecture des attendus : on découvre que John Roberts a changé son vote au tout dernier moment…

Viendra sans doute le temps des éclaircissements sur cette attitude. On peut tout de même présager que le président de la Cour Suprême a pris une décision très politique : il a estimé qu’il mettait moins en danger l’institution en laissant passer la réforme principale du mandat d’Obama qu’en la retoquant. Il a habillé ce calcul de considérations juridiques qui ne trompent personne même si elles ne rendent pas franchement service à Obama : la pénalité en cas de non-souscription a été assimilée à un impôt … ce qu’Obama nie depuis des années.

Au moins sa décision rend-elle à la politique ce qui appartient à la politique : le pouvoir de décider des conditions de la vie en société, sans la censure d’un organe judiciaire non-représentatif. La bataille autour de la réforme de la santé va donc se poursuivre sur le terrain législatif et électoral. Le 11 juillet prochain, les républicains mettront aux voix de la Chambre des représentants un texte abrogeant l’Obamacare. Vote symbolique, au fond, puisque même adoptée, cette contre-loi subirait le veto présidentiel. Etape suivante et réellement déterminante : le 6 novembre, lors du scrutin présidentiel que Mitt Romney veut transformer en véritable référendum sur l’Obamacare. Si la décision de la Cour Suprême a évidemment déçu les Républicains, elle leur offre un argument électoral de poids alors que la réforme d’Obama reste impopulaire et que ses premiers effets ne se feront pas ressentir avant 2014. De là à penser que le juge Roberts a intentionnellement fait ce cadeau empoisonné au président sortant, il y a un pas machiavélique…

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