Barack Obama a annoncé une augmentation du SMIC pour les fonctionnaires fédéraux. Partout, aux Etats-Unis, des villes et des Etats font de même tandis que l’opinion publique y est largement favorable.
Les discours sur l’état de l’Union relèvent souvent de la déclaration de politique générale et recèlent rarement de mesures concrètes. Pour son 6e exercice, Barack Obama a dérogé à cette règle en faisant une annonce si ce n’est spectaculaire, du moins très importante : l’augmentation du salaire minimum (bloqué nationalement à 7,25 dollars depuis 2009) pour les 560 000 fonctionnaires fédéraux. Le président a indiqué : « Dans les prochaines semaines, je prendrai un décret ordonnant les entreprises bénéficiant de contrats publics d’accorder un salaire juste d’au moins 10,10 dollars de l’heure à leurs employés, parce que si vous cuisinez pour nos troupes, si vous lavez leur vaisselle, vous ne devriez pas être contraint de vivre dans la pauvreté. »
Là est le seul pouvoir dont il dispose. Une augmentation générale du SMIC fédéral doit passer par un vote du Congrès. Sans surprise, les Républicains, majoritaires à la Chambre des représentants, y sont opposés. De toute façon, le salaire minimum national sert de référence. Il n’a rien d’obligatoire pour les Etats, système fédéral oblige. Mais c’est ici que le sujet prend une tournure intéressante. Obama n’est pas le seul à parler du SMIC. Son puissant « Donnez une augmentation à l’Amérique ! » entre en écho avec les innombrables initiatives qui pourraient faire de 2014, l’année du salaire minimum.
En novembre, les électeurs du New Jersey avaient dit « oui » à 61% à une augmentation du salaire minimum de 1 dollar, le portant à 8,25 dollars de l’heure, mesure à laquelle le gouverneur républicain pourtant réélu, Chris Christie, avait opposé son « veto », obligeant les promoteurs de cette augmentation du SMIC à passer par la voie référendaire. Quelques jours après ce vote, le Sénat de l’Etat du Massachussetts votait l’augmentation progressive du salaire minimum, d’ici 2016, de 8 à 11 dollars. En décembre, le conseil municipal de la ville de Washington a adopté le principe d’un SMIC à 11,50 dollars de l’heure. La mesure sera appliquée dans les territoires voisins du Maryland, qui forment un espace économique commun de 2,5 millions d’habitants. D’autres villes dans les Etats de Washington, du Nouveau-Mexique, de Californie ont augmenté le SMIC.
A Seattle, la bataille est également engagée. Elle est portée par Kshama Sawant, élue au conseil municipal en novembre, la première « socialiste » (c’est ainsi qu’elle se définit politiquement) à entrer dans l’assemblée élue d’une grande ville américaine depuis plusieurs décennies. Le thème principal de sa campagne victorieuse : le salaire minimum à 15 dollars de l’heure. Répondant à une campagne multiforme (politique et syndicale), le maire (démocrate) a lancé l’affaire en début de ce mois de janvier.
Enfin, du côté de l’opinion publique, l’affaire est entendue. Selon, une enquête publiée par le Pew Research Center, 73% des Américains (90% des démocrates, 71% des indépendants et même 53% des républicains) se disent favorables à l’augmentation du SMIC de 7,25 à 10,10 dollars de l’heure. Seuls les militants du Tea Party y sont opposés, ceux-là même qui « tiennent » la majorité du groupe républicain au Congrès, seul obstacle à une augmentation massive et généralisée du SMIC.
Quand on dit que le Président Hollande ne peut rien faire pour son pays, finalement le grand Obama ne peut guère plus. Démocratie Has-been ?