L’analyse des résultats définitifs des scrutins du 6 novembre

ImageAlors que Barack Obama va prêter serment pour un second mandat, lundi 21 janvier, retour sur le sens du vote des Américains.

Participation « forte »

L’abstention a augmenté depuis 2008 mais pas si fortement que ne le laissaient supposer les derniers sondages avant le vote : on compte 129, 134, 843 millions de bulletins exprimés (l’ouragan Sandy est responsable d’un million de voix manquantes environ) contre 131,463,122, soit un taux de participation de 72,5% des électeurs inscrits contre 74,4% lors du précédent scrutin précédent. Le phénomène de non-inscription sur les listes électorales étant massif aux Etats-Unis, les spécialistes mesurent par rapport à la population en âge de voter (PAV). En 2008, cela donnait 58,3%. Nous ne disposons pas encore du chiffre pour cette élection mais il devrait être inférieur. 2008 et 2012 (ainsi que 2004) s’inscrivent dans la moyenne plutôt haute des participations électorales de ces trente dernières années. Après les années Bush père-Clinton, les mandats de « W. » Bush, très « clivants », ont eu pour conséquence de remobiliser l’électorat.

Nette victoire de Barack Obama

Le président sortant a 65,9 millions de voix, en recul de 3,5 millions par rapport à 2008 (69,5 millions). Il est le premier président depuis Eisenhower à obtenir plus de 51% des voix lors de ses deux élections (52,87% en 2008, 51,03% en 2012). Ces chiffres confirment l’analyse de certains chercheurs (dont Ruy Teixeira) qui avaient prédit l’émergence d’une majorité durable pour le parti démocrate, conséquence des bouleversements démographiques qui voient la part des WASP (blancs anglo-saxons protestants) décliner au profit de celle des minorités (37% de la population), dont les Latinos sont désormais les plus importants représentants avec 16% de la population. Ils ont constitué 10% de l’électorat de novembre dernier et ont voté à 72% pour Obama et 27% pour Romney. C’est grâce à ce vote que le président sortant est réélu.

Le bon score d’Obama est à mettre au crédit du « vote » stratégique d’électeurs déçus (dont de  nombreux Latinos) par son premier mandat mais qui n’ont pas voulu, pour autant, la victoire de l’ultra-droitier parti républicain. Cette mobilisation de dernière minute est particulièrement visible dans les « swing states » où l’abstention a été moins forte (sauf dans l’Ohio industriel) en 2012 qu’en 2008 (contrairement à l’évolution nationale),

Le plafond républicain

60,5 millions de suffrages pour Bush en 2004. 59,9 pour McCain en 2008 et 60,9 pour Romney : alors que la population américaine a augmenté de 35 millions d’habitants en dix ans et le nombre d’électeurs enregistrés de dix millions, l’électorat républicain stagne. La force (de nuisance) du parti de l’éléphant, réside dans la mobilisation permanente et la cohérence de sa base sociale. Son « petit » problème est que cette-dernière, dont les Blancs évangéliques sont le pilier, est en déclin numérique.

Parlement : les démocrates majoritaires en voix mais minoritaires en sièges

Les candidats démocrates ont obtenu, aux élections à la Chambre des représentants qui se sont déroulées le même jour que le scrutin présidentiel, 1,4 millions de voix de plus que leurs adversaires. Pourtant, ces derniers ont gardé leur majorité (233 à 200 malgré une perte de neuf sièges). L’explication ? Le redécoupage électoral. Après le recensement de la population de 2010, les Etats les plus dynamiques démographiquement (dans le Sud notamment) ont gagné des sièges. Les législatures et gouverneurs républicains qui y sont en place, chargés de la nouvelle carte électorale, ont sorti les ciseaux de compétition. Exemple : le Texas qui a gagné 4 sièges grâce à un boom démographique dont les Latinos, qui votent massivement démocrate, comptent pour 80%. Le parti républicain a gagné trois des quatre nouvelles circonscriptions dont il faut voir le dessin tortueux pour comprendre tout le mal que les « charcuteurs » se sont donnés (voir ci-dessous l’exemple de l’aire métropolitaine de Dallas)… Voilà comment un parti minoritaire lors des scrutins de novembre peut bloquer la politique américaine.

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