New Hampshire : ce qu’en attendent les principaux candidats

La purée de pois de l’Iowa n’est pas encore dissipée, mais un peu de lumière pourrait venir de cet Etat pourtant peu peuplé que Sanders avait remporté en 2016.

Après le fiasco de l’Iowa, première étape sans vainqueur déclaré (1), voici désormais le New Hamsphire où, sauf improbable et totalement catastrophique surprise, un lauréat sortira des urnes. On passe du tarabiscoté caucus à la plus simple primaire où les électeurs votent, et à la fin, celui qui a remporté le plus de suffrages l’emporte. De ce côté-ci de l’Atlantique, le suffrage universel direct nous semble être la quintessence de la démocratie électorale. Pas aux Etats-Unis, où les filtres (collège électoral, sénat où sont surreprésentés les Etats ruraux, système du caucus) sont multiples.

Le New Hamsphire n’est guère plus représentatif de l’Amérique de 2020 que l’Iowa (les blancs constituent 90% de la population de ces deux Etats) et il pèse encore moins démographiquement : 1,35 millions d’habitants contre 3 millions. Mais politiquement, le gain est mille fois supérieur à la mise. Et il a l’intérêt d’être un « swing state ».

Pour les six candidats candidats qui peuvent encore prétendre à l’investiture démocrate, les enjeux sont évidemment différents.

Pour Bernie Sanders, la victoire est la seule option s’il veut maintenir sa dynamique. En 2016, il avait ébranlé l’establishment par une écrasante victoire face à Hillary Clinton (60% contre 38%). Le type de primaire dans cet Etat qui permet aux indépendants déclarés de voter lui est favorable, lui-même revendiquant cette étiquette d’indépendant. Les derniers sondages lui accordent de 7 à 8% d’avance. Une victoire confirmerait qu’il est bien le « front runner », d’autant qu’il figure dans le duo de tête dans tous les sondages réalisés dans les autres Etats. Une défaite serait logiquement lue comme une réussite des attaques portées dans la dernière ligne droite, notamment par Joe Biden et Pete Buttigieg, contre sa radicalité et son label «socialiste. »

Pour Pete Buttigieg, co-vainqueur de l’Iowa, l’important est de confirmer son émergence. Une victoire conforterait son statut d’alternative la plus crédible à Sanders. Une deuxième place, juste derrière Sanders, ne l’altérerait pas. Quelle portée aura la charge de Sanders contre les riches donateurs de la campagne de Buttigieg ? Quel impact de l’attaque en règle lancée par Biden via un clip TV contre ce maire « inexpérimenté » d’une petite ville du Midwest ? Et peut-être principalement : dans quelle mesure la très bonne prestation d’Amy Klobuchar lors du débat entre prétendants, vendredi dernier, va-t-elle lui permettre de grignoter l’électorat centrise de Buttigieg ? Les derniers sondages indiquaient un tassement de ce dernier au bénéfice de la sénatrice du Minnesota.

Puisque l’on parle de Joe Biden… L’ancien vice-président de Barack Obama n’en est pas encore à jouer sa survie. Celle-ci se dénouera, ou pas, en Caroline du Sud, le 29 février prochain, où le poids des Africains-Américains est de première importance. Il a d’ailleurs annoncé qu’il prendrait un autre « coup » dans le New Hampshire après celui reçu dans l’Iowa. Une façon de dédramatiser, en l’annonçant, une défaite programmée. Mais de quelle ampleur ?

On ne sait si Elizabeth Warren joue encore quelque chose dans cette campagne. Ou alors c’est maintenant ou jamais. Si Sanders prend la pole position de l’aile gauche, cela risque d’être définitif et la sénatrice du Massachusetts ne disposera plus de ficelles à tirer pour renverser la tendance. Demeure une inconnue et de taille : franchira-t-elle le seuil des 15% qui permet de décrocher des délégués qui compteront à la convention de Milwaukee en juillet ?

Enfin, un candidat ne sollicite pas le suffrage des électeurs du New Hamsphire mais y regardera de très près : Michael Bloomberg, qui a choisi de zapper les quatre premières étapes de février pour se concentrer sur le Super Tuesday du 3 mars (Californie et Texas au menu). Son scénario idéal pour se présenter en recours auprès de l’establishment : une victoire de Sanders et un morcellement entre les trois candidats centristes.

 

  • En l’état, on sait que Bernie Sanders a remporté, lors du 1er tour, 6000 suffrages, et un millier au second, de plus que Pete Buttigieg mais que ce dernier devrait disposer, selon les résultats communiqués dimanche par les instances démocrates de l’Iowa, de 14 délégués à la convention nationale contre 12 à Sanders, 8 à Warren et 6 à Biden. Au regard des irrégularités et erreurs constatées, Associated Press et le New York Times n’ont pas déclaré de vainqueur.
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