Entretien avec Rebekah Ward, présidente de l’UCWGA (United Campus Workers of Georgia) qui syndique tous les salariés des universités de l’Etat sur les raisons de cet engagement. (Publié dans l’Humanité dimanche du 24 décembre 2020.)
De quelle manière votre organisation est-elle impliquée dans la campagne et pourquoi cette élection est-elle si importante du point de vue des syndicalistes que vous êtes ?
Rebekah Ward. Nous menons actuellement une campagne pour appeler ou rendre visite à tous les employés des universités de Géorgie qui sont des électeurs inscrits pour les encourager à aller voter pour ce « runoff ». Cette approche a un double avantage. D’abord, nous sommes plus susceptibles de les convaincre que des personnes extérieures qui sont moins au fait des problématiques auxquels ils font face en tant que salariés. Ensuite, cela nous permet de parler à des gens qui n’ont pas encore rejoint le syndicat et de les sensibiliser sur le fait de s’y investir. Nous savons que les élus progressistes constituent une part importante du processus de changement. Mais les autres ingrédients sont des mouvements sociaux et syndicaux forts.
En quoi est-ce aussi important pour les salariés de Géorgie d’avoir un Sénat à majorité démocrate ?
Rebekah Ward. Nous avons souffert ces quatre dernières années d’une administration Trump profondément raciste, sexiste et anti-syndicale. Alors que Joe Biden a remporté 81 millions de voix, nous avons l’opportunité de faire voter des lois progressistes, telles que l’abandon des dettes de loyers accumulées pendant la pandémie, que les violences policières soient traitées au niveau fédéral et le fait de pouvoir se syndiquer plus facilement. Mais ces buts seront infiniment plus durs à atteindre avec un Sénat républicain qui peut bloquer tous les projets de lois progressistes.
Quelles sont les premières mesures que vous attendez de l’administration Biden ?
Rebekah Ward. La plus urgente des priorités est d’atténuer l’impact de la pandémie du Covid 19. Nous avons besoin d’une politique de tests massifs, de traçabilité, d’aide urgente pour les chômeurs, d’abandon des créances de loyers, comme je le mentionnais dans ma réponse précédente, de l’effacement de la dette étudiante et de demander des comptes aux employeurs qui ont placé les travailleurs dans des conditions dangereuses. Une nouvelle et meilleure loi CARES (1) est un besoin urgent durant la première semaine de ces 100 premiers jours qui traditionnellement, dans la politique américaine, marquent l’empreinte d’une administration en termes d’initiatives de politiques publiques.
(1) Votée au printemps 2020 en réponse au début de la pandémie, elle prévoyait notamment le versement d’une aide 1200 dollars par célibataire et 2400 dollars par famille, mesure promue par l’aile gauche du parti démocrate.