Joe Biden a appelé Vladimir Poutine et abordé tous les sujets, du désarmement nucléaire au sort d’Alexeï Navalny. (Article publié dans l’Humanité du 28 janvier 2021.)
En arrivant à la Maison-Blanche en 2009, Barack Obama avait proposé à la Russie un « reset » (redémarrage) des relations entre les deux pays. En se glissant dans le siège de celui dont il a été vice-président, Joe Biden ne prétend pas à une telle ambition : juste un rééquilibrage par rapport au mandat de Donald Trump. Ainsi, en appelant mardi Vladimir Poutine, il a tenu à aborder tous – absolument tous – les sujets. La conver- sation entre les deux dirigeants a confirmé la perspective de la prorogation de New Start. Signé en 2010 entre les deux pays, ce traité de réduction des armes stratégiques nucléaires expire le 5 février, avec une possibilité de le prolonger pour cinq ans. Donald Trump, fidèle à sa stratégie unilatéraliste, avait refusé d’envisager une telle option.
Durant ce premier échange, les deux présidents ont évoqué un retour des États-Unis dans l’accord sur le nucléaire iranien (lire page 16). Ces portes qui s’ouvrent correspondent à l’appel de la Russie à une « normalisation » des relations entre les deux pays. Pour Joe Biden, celle-ci passe manifestement aussi par l’évocation des sujets sensibles, soigneusement évités par Donald Trump durant quatre années. Il a d’abord fait part de sa « préoccupation » à la suite de « l’empoisonnement d’Alexeï Navalny », arrêté le 17 janvier à son retour de Russie, ainsi que du « traitement des manifestations pacifiques par les forces de sécurité russes » (notre édition du 25 janvier). Moscou avait dénoncé, il y a quelques jours, « l’ingérence » de Washington dans ses affaires intérieures.
Le nouveau président a ensuite réaffirmé le « soutien ferme » américain à la souveraineté de l’Ukraine « face à l’agression persistante de la Russie ». Enfin, les « ingérences dans l’élection de 2020 », la récente cyberattaque géante contre des ministères américains ont également été mises sur la table. La présidence russe n’a pas donné de détails sur la réponse de Vladimir Poutine, se contentant de répéter qu’elle souhaite une « normalisation des relations » répondant « aux intérêts des deux pays mais aussi de ceux de toute la communauté internationale ». Ce premier acte diplomatique de l’ère Biden peut être vu comme « le retour de l’Amérique » – mot d’ordre de la nouvelle administration qu’incarnera Antony Blinken, dont la nomination a été confirmée par le Sénat – sur une scène internationale que Donald Trump n’avait pourtant pas désertée, mais simplement occupée avec une stratégie différente.