Avec l’effondrement de Joe Biden, l’establishment pourrait se tourner vers le jeune candidat qui a percé dans l’Iowa ou le milliardaire en embuscade en Californie.
Trois jours après le caucus de l’Iowa, le parti démocrate ne cesse de repousser les frontières de l’amateurisme et du ridicule. Après le bug initial (de quelle nature ? mystère) qui a empêché la publication des résultats le soir même, les responsables démocrates de l’Etat ont dévoilé des données…portant sur 62% des bulletins, sans préciser quand le reste sera rendu public. Puis sur 85%. Puis le New York Times a découvert des anomalies dans les retranscriptions. Bref, c’est la bouteille à l’encre.
S’il apparaît que Bernie Sanders arrive en tête des suffrages, c’est Pete Buttigieg qui – pour l’heure – devance légèrement (de 0,1%) le sénateur du Vermont en nombre de délégués et, en l’état, pourrait être déclaré vainqueur. Alors que l’ancien vice-président Joe Biden n’occupe que la quatrième position, l’establishment a-t-il trouvé son plan B ? Le CV de Buttigieg respire la « modernité »: jeune, (à 37 ans, il fait partie de la génération montante des Millennials), surdiplômé (Harvard, Oxford), maire de South Bend (Indiana), petite ville du Midwest de 2012 à 2020, ancien militaire ayant servi en Afghanistan, assumant son homosexualité et posant volontiers avec son mari Chasten.
Politiquement, il est considéré comme un « centriste » et a réservé ses dernières flèches, avant le caucus de l’Iowa, aux propositions « irréalistes » de Bernie Sanders, a souvent mis l’accent sur sa foi évangélique. Il ne s’en prononce pas moins pour le «Medicare for All » mais en maintenant les assurances privées, pour une gratuité des études supérieures publiques pour 80% des familles qui gagnent moins de 100.000 dollars par an, contre la peine de mort… Ce qui en fait un candidat moins centriste qu’Hillary Clinton en 2016, signe d’une poussée générale vers la gauche. Les sondages réalisés à la sortie des urnes en Iowa montrent que sa candidature trouve un écho à peu près égal parmi les générations, les classes sociales et les définitions politiques (modéré ou « liberal »), ce qui lui permettra de se présenter comme le garant de l’unité de la famille démocrate.
La nouvelle coqueluche des médias devrait obtenir un bon score dans le New Hampshire, mais quid des Etats où les électeurs latinos et africains-américains comptent ? Les sondages indiquent qu’il ne dépasse guère la barre des 10% parmi ces électorats. Il pourrait également traîner, comme le sparadrap du capitaine Haddock, les attitudes racistes de la police de South Bend auxquelles il n’a jamais mis un terme. Enfin, ces relations avec les riches donateurs privés constituent un autre angle d’attaque pour ses opposants de gauche. En cas de besoin, le bloc social-libéral dispose d’un plan B bis : le milliardaire Bloomberg qui déverse des centaines de millions de dollars en Californie.